dimanche, mars 22, 2009

Musical Youth

This generation, rules the nation, with version...

Plutot que de revenir sur mon episode Oui Fm, et tout le mal que je pourrais en dire, je prefere revenir sur une opportunite qui m'a ete donne et la joie que j'en ai tiré.
Ce matin la on m'avait fait suivre un mail venant du documentaliste d'un lycee, envoyé a plusieurs professionels de la profession. Le monsieur y expliquait que pour terminer en beaute une serie de cours sur "l'Histoire" de la musique, il souhaitait inviter plusieurs professionels pour discuter musique, et repondre aux questions d'une classe d'eleves de 1ere . Parler musique avec des gosses ? Je fonce ! Quand on en a pas, c'est toujours un plaisir d'avoir l'occasion de transmettre une peu de savoir.
Me voila donc quelques jours plus tard dejeunant avec le fameux documentaliste qui m'explique qu'il a mis en place avec le prof de S.E.S (avant on disait prof d'eco), une serie de "cours" pour raconter aux eleves les principaux courants musicaux depuis le blues jusqu'a nos jours. Idee que je trouve forcement interessante, tout comme celle de me proposer de leur expliquer les rapports intimes entre la musique et la radio, d'etaler aussi ma culture musicale etc etc.
Je balaye d'un trait d'humour son embarras quand il aborde les questions d'argent, et banco !

Saloperie de ligne 13.
Bref, le jour J je debarque dans la salle de classe avec une dizaine de minutes de retard. Sur le chemin depuis la grille du lycee, j'annonce a Claude, le documentaliste, que j'ai eu l'idee de prendre avec moi des vinyls collectors afin de leur montrer ce qu'est un "beau disque". Ah oui pourquoi pas me repond mon hote avec desinvolture...Sont presents, le prof de SES, le documentaliste, les eleves et un autre "pro", directeur d'un petit label (dont le nom m'echappe).
Et c'est parti pour 2 heures !
Au moment ou j'arrive le debat est deja lance sur le telechargement illegal. La premiere chose qui me frappe, c'est l'intention de ce directeur de label, dont le soucis est de faire comprendre aux eleves qu'il doivent acheter des disques. Ainsi donc les maisons de disques n'ont toujours rien compris. Ces enfants ont 15 ans et n'ont j'amais de leur vie achete un 45T, n'ont meme pour certains jamais payé pour une chanson pourquoi se mettraient-ils a le faire plus tard ? Deja quand sont apparus les premieres platedormes de peer-to-peer, le premier reflexe a ete de faire un proces et de faire fermer le leader, Napster, alors que deja d'autres existaient. On voit d'ailleurs aujourd'hui toute l'efficacité de cette mesure...
Evidement mon collegue ne manque pas de souligner que si l'on telecharge trop les artistes n'auront plus d'argent pour vivre etc etc etc...Je le soutiens dans la limite de mes convictions. Rappelant que les diffusions radio (dont je prend le temps d'expliquer la mecanique), et tele sont aussi des sources de revenus, et patati et patata. Quand soudain une verite toute nue sort de la bouche d'une petite black a la repartie redoutable et a la logique implacable.
-Mais monsieur, les artistes la musique c'est leur passion non? Alors ils peuvent tres bien se trouver un travail et continuer a faire des chansons par passion !!!
Mon collegue et moi restons sans voix. C'est sans appel.
Beyoncé a la caisse du rayon lingerie chez Bloomingdale's qui demande des conges pour venir faire un Zenith a Paris, ca aurait de la gueule non ? En tout cas on a peut-etre trouve la fille cachee de Didier Wampas !
Voyant que le debat sur le telechargement tourne en rond, le prof de SES me propose d'enchainer sur une musique que les eleves aiment en majorite, le rap. Et nous voila parti pour quelques minutes sur le Hip-Hop. Puis du vinyl des DJs, je glisse sur les vinyls tout court, et sur l'interet que l'on portait avant aux beaux disques. Et pour faire le lien avec le debut des debats, je sors de mon sac "le mp3 de mon epoque", le premier 45t de NTM millesime 1990. Ca c'etait une bonne idee. L'effet est immediat ! Wouah ! Mortel ! OOhh! On peut voir m'sieur ! J'enchaine. Voila pourquoi avant on aimait acheter des disques et pourquoi ils etaient precieux. Propos illustres avec l'album "thick as a brick" de Jethro Tull, dont la pochette a la particularite de se deplier pour devenir un journal complet. Encore des cris d'admiration, les genoux tremblants je laisse le precieux 33t circuler de mains en mains, d'yeux stupefaits en yeux emmerveillés. Puis je leur conte l'histoire de la pochette de "sticky fingers" des Rolling Stones retires des bacs a cause de sa vraie braguette qui s'ouvrait sur le slip "en formes" de Jagger. Et bien sur j'ai avec moi le disque en question avec sa braguette metallique. Encore une fois le disque circule dans la classe aux rythme des rires amusés et des commentaires interresses. C'est deja la fin.
C'est dommage dis-je a Claude en sortant, je serais bien reste 2 heures de plus.

Mon collegue lui etait venu les mains vides. C'est peut-etre la toute l'erreur des maisons de disques. Les mp3 ont ete justement inventes pour s'echanger plus vite et ont boulverse la facon de consommer la musique. Tout le monde a suivi. Le monde informatique bien sur, avec les serveurs peer-to-peer. Les baladeurs, les chaines stereo, les autoradios, certains artistes meme, les radio diffusent elles aussi de la musique en format virtuel, les telephones, les boutiques en ligne, tout le monde. Sauf les maisons de disques.
Le telechargement illegal est entre dans les moeurs, et notre gouvernement qui fait des lois pour couper l'acces internet aux "pirates", ne fait guere plus qu'uriner dans un Stradivarius.
Combien coute cette loi ? Combien de deplacements de ministres, de dejeuners de diner, de papier, d'employes ?
Et si l'argent servait plutot a faire des cours d'Histoire de la musique et du disque. Pascal Negre rale ? Et si lui et ses comperes, qui normalement aiment et connaissent un peu la musique non? Si lui et ses comperes, a la place des lois, faisaient un programme pour expliquer aux enfants l'histoire de la musique, pourquoi la musique est importante, ce qu'est de la "bonne" musique, mais aussi l'histoire du disque, les belles pochettes, les pressages limites, bref comment se fabrique un album depuis le cerveau de l'artiste jusqu'a l'oreille du melomane.

Si il reste du temps de cerveau disponible au ministere de l'education, je veux bien m'y coller moi. Parce que j'ai vraiment passe un merveilleux moment.